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Le contrôle fiscal des entreprises : comprendre les délais de prescription

11/06/2024
Jérôme Benaïnous

De nos jours, les entreprises de toutes tailles sont susceptibles de faire l'objet d'un contrôle fiscal. Cette procédure, menée par l'administration fiscale, vise à s'assurer du respect des obligations déclaratives et du paiement des impôts et taxes dus. Bien que redoutée par de nombreux dirigeants, elle demeure une pratique courante et nécessaire.

Cet article détaillé explore les modalités du contrôle fiscal d'entreprise, en mettant l'accent sur un aspect crucial : les délais de prescription. Nous aborderons les différents types de contrôles, leur déroulement, les recours possibles en cas de désaccord, et répondrons aux questions fréquemment posées. Que vous soyez chef d'entreprise ou simple curieux, cette lecture vous apportera une compréhension approfondie du sujet.

Qu'est-ce qu'un contrôle fiscal d'entreprise ?

Un contrôle fiscal d'entreprise est une procédure initiée par l'administration fiscale, représentée par la Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP). Son objectif principal est de vérifier la conformité des déclarations et du paiement des impôts et taxes obligatoires, tels que :

  • L'impôt sur les sociétés (IS)
  • La taxe sur la valeur ajoutée (TVA)
  • Les taxes professionnelles (CFE, CVAE, etc.)
  • Les taxes foncières

Ce contrôle permet également d'identifier d'éventuels manquements, qu'ils soient commis de bonne foi ou de manière délibérée. Dans ce dernier cas, des sanctions peuvent être appliquées.

Quel est l'objectif du contrôle fiscal des entreprises ?

Le contrôle fiscal d'entreprise poursuit deux objectifs majeurs :

  1. Recouvrer les sommes dues : L'administration fiscale cherche à récupérer les impôts et taxes non payés ou sous-évalués par l'entreprise contrôlée.
  2. Lutter contre la fraude fiscale : En effectuant des vérifications approfondies, l'administration peut détecter les activités occultes, les montages financiers complexes visant à éluder l'impôt, le blanchiment d'argent ou le travail dissimulé.

Il convient de noter que le contrôle fiscal d'entreprise est encadré par la charte des droits et obligations du contribuable vérifié. Ce document définit les règles à respecter par les deux parties, garantissant ainsi un processus équitable et transparent.

Comment l'administration fiscale identifie les entreprises à contrôler ?

L'administration fiscale peut décider de contrôler une entreprise pour diverses raisons, parmi lesquelles :

La dénonciation

Un tiers (concurrent, ancien employé, etc.) peut alerter l'administration sur des agissements présumés frauduleux de l'entreprise. Si les allégations sont jugées suffisamment sérieuses, un contrôle fiscal sera initié.

Les indices suspects

Certains éléments peuvent attirer l'attention de l'administration et déclencher un contrôle, tels que :

  • Des variations de revenus inhabituelles d'une année sur l'autre
  • L'existence d'un compte bancaire à l'étranger non déclaré
  • Des retards ou omissions dans les déclarations d'impôts
  • Un chiffre d'affaires en décalage avec celui des entreprises du même secteur
  • Des erreurs récurrentes dans les déclarations
  • Un train de vie supérieur aux revenus déclarés
  • Un contrôle fiscal chez un partenaire de l'entreprise

Les directives administratives

L'administration peut également cibler certains secteurs d'activité jugés prioritaires ou contrôler les entreprises n'ayant pas fait l'objet d'un contrôle depuis longtemps.

Existe-t-il un contrôle fiscal pour les auto-entrepreneurs ?

Oui, les entreprises individuelles, y compris les auto-entrepreneurs, peuvent faire l'objet d'un contrôle fiscal. Bien que leurs obligations comptables soient simplifiées, ils doivent tenir une comptabilité et déclarer leurs revenus.

Le contrôle fiscal d'un auto-entrepreneur peut être effectué sur pièces (à distance) ou sur place. L'administration compare alors les déclarations de chiffre d'affaires, les factures et le train de vie de l'auto-entrepreneur. À l'issue du contrôle, un redressement fiscal peut être prononcé en cas d'irrégularités.

Jusqu'à combien d'année en arrière peut remonter un contrôle fiscal ?

Le délai de prescription, également appelé "droit de reprise" de l'administration, est un élément crucial du contrôle fiscal d'entreprise. Il détermine la période pendant laquelle l'administration peut effectuer des vérifications et procéder à des redressements.

Le délai de prescription de 3 ans

Par principe, le délai de prescription pour le contrôle fiscal d'entreprise est de 3 ans. Cela concerne l'impôt sur les sociétés (IS) et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Ainsi, même si des irrégularités sont constatées pour des périodes antérieures, l'administration ne peut pas redresser l'entreprise au-delà de ce délai.

Les exceptions au délai de 3 ans

Cependant, ce délai de 3 ans ne s'applique pas dans certaines situations spécifiques :

  • Délai de 6 ans : En cas de manquements relatifs à l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) ou aux droits d'enregistrement, le délai est porté à 6 ans.
  • Délai de 10 ans : Lorsqu'il y a détention d'un compte bancaire non déclaré à l'étranger, exercice d'une activité occulte ou en cas d'enquête judiciaire pour fraude fiscale, le délai est étendu à 10 ans.

Il est essentiel pour les entreprises de prendre en compte ces délais de prescription afin d'anticiper et de se préparer correctement en cas de contrôle fiscal.

Comment se déroule le contrôle fiscal d'une entreprise ?

Le contrôle fiscal d'entreprise suit généralement une procédure bien définie, qui peut varier selon le type de contrôle effectué. Il existe deux principales catégories :

Le contrôle sur pièces

Lors d'un contrôle sur pièces, l'administration vérifie les déclarations de l'entreprise et leur cohérence, sans se déplacer sur site. Ce contrôle de routine peut avoir lieu à tout moment et se déroule de manière dématérialisée au sein du bureau de l'inspecteur.

Si des irrégularités sont constatées, l'entreprise peut recevoir une proposition de rectification. Elle aura alors la possibilité de contester la décision auprès du supérieur hiérarchique de l'inspecteur.

Le contrôle sur place (vérification de comptabilité)

Dans le cadre d'un contrôle sur place, également appelé "vérification de comptabilité", un agent des finances publiques se rend dans les locaux de l'entreprise pour effectuer ses vérifications.

La notification de contrôle

L'administration est tenue d'informer l'entreprise de son intention de procéder à un contrôle fiscal, généralement par courrier recommandé avec accusé de réception. Ce document, appelé "avis de vérification de comptabilité", doit être envoyé au moins 48 heures avant le début du contrôle.

Le déroulement du contrôle

Lors de la première intervention sur place, le vérificateur présente la charte des droits et obligations du contribuable vérifié et définit les modalités de son intervention. Il demande également à l'entreprise de fournir certains documents, tels que les pièces comptables, les justificatifs d'activité et les coordonnées de l'expert-comptable.

Tout au long du contrôle fiscal, le vérificateur doit engager un débat oral et contradictoire avec le chef d'entreprise (ou son représentant). Il informe ce dernier des éléments découverts et des conséquences envisagées, permettant ainsi un échange constructif.

Si l'entreprise tient sa comptabilité de manière informatisée, elle doit remettre au vérificateur une copie du fichier des écritures comptables (FEC) sous forme dématérialisée.

La réunion de synthèse

À l'issue du contrôle, le vérificateur convoque une réunion de synthèse au cours de laquelle il présente ses conclusions. Si des erreurs ou omissions ont été constatées, l'entreprise peut régulariser sa situation avant l'envoi d'une proposition de rectification, bénéficiant ainsi d'un intérêt de retard moindre.

La proposition de rectification

Dans le cas où des manquements sont avérés, l'administration fiscale adresse à l'entreprise une proposition de rectification. Celle-ci détaille les rehaussements d'impôts et les pénalités éventuelles.

L'entreprise dispose alors d'un délai de 30 jours (renouvelable une fois sur demande) pour formuler ses observations et contester, si nécessaire, les rectifications proposées.

Quelles sont les voies de recours en cas de désaccord ?

Si l'entreprise n'est pas d'accord avec les rectifications proposées par l'administration fiscale, plusieurs voies de recours s'offrent à elle.

La saisine de la Commission Départementale des Impôts Directs et des Taxes sur le Chiffre d'Affaires (CDITCA)

Dans un délai de 30 jours suivant la réception de la réponse aux observations du contribuable, l'entreprise peut saisir la CIDTCA. Cette commission, compétente en matière d'impôts directs et de taxes sur le chiffre d'affaires, rendra un avis consultatif sur les questions de fait soulevées par le litige.

Le recours hiérarchique

L'entreprise a également la possibilité de saisir le supérieur hiérarchique du vérificateur (l'inspecteur principal) ou l'interlocuteur départemental en cas de persistance du désaccord.

La réclamation auprès de la Direction des Services Fiscaux

Une fois l'avis de mise en recouvrement de l'impôt reçu, l'entreprise peut déposer une réclamation auprès de la Direction des Services Fiscaux dont elle dépend. Cette démarche doit généralement être effectuée avant le 31 décembre de la deuxième année suivant la mise en recouvrement.

Le recours contentieux

Si la réclamation est rejetée par la Direction des Services Fiscaux, l'entreprise dispose d'un délai de deux mois pour saisir le tribunal compétent. En l'absence de réponse de l'administration dans un délai de six mois, le rejet est considéré comme implicite, permettant également la saisine du tribunal.

Il est important de noter que le non-respect des délais peut entraîner la perte du droit de contester les rectifications et de saisir le juge.

Quelle est la durée d'un contrôle fiscal d'entreprise ?

La durée du contrôle fiscal d'entreprise varie en fonction de la taille de l'entreprise et de la complexité du dossier.

Pour les PME

Dans les PME dont le chiffre d'affaires est inférieur à 818 000 euros (pour les entreprises de vente) ou 247 000 euros (pour les entreprises de services), le contrôle fiscal ne peut excéder 3 mois. Ce délai est porté à 6 mois si la comptabilité est dénuée de valeur probante en raison d'irrégularités graves ou de l'exercice d'une activité occulte.

Pour les grandes entreprises

Il n'existe pas de limite de durée pour le contrôle fiscal des grandes entreprises, compte tenu de la complexité des opérations à analyser.

En moyenne

Selon l'administration fiscale, 98% des contrôles des PME ont une durée inférieure à 9 mois. Cependant, il est important de prévoir suffisamment de temps et de ressources pour répondre aux demandes du vérificateur et faciliter le bon déroulement du contrôle.

Foire aux questions sur le contrôle fiscal d'entreprise

Une entreprise radiée ou fermée peut-elle subir un contrôle fiscal ?

Oui, une entreprise radiée ou fermée peut faire l'objet d'un contrôle fiscal dans les 3 ans suivant sa fermeture. Le fait d'avoir cessé son activité ne constitue pas un obstacle à un éventuel contrôle, tant que l'administration n'a pas atteint le délai de prescription.

Comment se déroule le contrôle fiscal d'une entreprise en matière de TVA ?

Lors d'un contrôle fiscal portant sur la TVA, l'administration compare les déclarations de l'entreprise avec sa comptabilité ou ses recettes. Elle vérifie notamment le taux de TVA appliqué, les éventuelles exonérations et s'assure que l'entreprise ne minore pas sa TVA collectée.

À quelle fréquence les entreprises sont-elles contrôlées ?

Il n'existe pas de statistiques officielles sur la fréquence des contrôles fiscaux. Cependant, l'administration indique que les très grandes entreprises sont généralement contrôlées tous les 4 ans environ, tandis que les entreprises relevant de la Direction des Vérifications Nationales et Internationales (DVNI) le sont tous les 7 ans.

Pourquoi faire appel à un expert-comptable lors d'un contrôle fiscal ?

Bien que ce ne soit pas obligatoire, il est fortement recommandé de faire appel à un expert-comptable lors d'un contrôle fiscal d'entreprise. Voici quelques raisons clés :

  • Expertise technique : Les experts-comptables disposent d'une solide connaissance de la réglementation fiscale et des procédures de contrôle. Ils peuvent ainsi vous guider efficacement tout au long du processus.
  • Gestion administrative : Ils peuvent prendre en charge la préparation et la fourniture des documents demandés par l'administration, vous permettant de vous concentrer sur la gestion de votre entreprise.
  • Défense de vos intérêts : En cas de désaccord avec les rectifications proposées, un expert-comptable pourra vous représenter et défendre vos intérêts auprès de l'administration.
  • Conseils avisés : Leur expertise leur permet de vous conseiller sur les meilleures stratégies à adopter et les recours possibles en fonction de votre situation spécifique.

N'hésitez pas à solliciter leur aide dès la notification du contrôle fiscal. Leur intervention peut s'avérer précieuse pour faciliter le déroulement de la procédure et optimiser vos chances de succès en cas de litige.

Conclusion

Le contrôle fiscal d'entreprise est une réalité incontournable pour tout chef d'entreprise. Bien que redouté, il s'ag Bien que redouté, il s'agit d'une procédure nécessaire et encadrée par la loi. En comprenant les délais de prescription, les différentes étapes du contrôle et les voies de recours possibles, vous serez mieux préparé à y faire face sereinement.

N'oubliez pas que vous avez le droit d'être assisté par un expert-comptable ou un avocat fiscaliste tout au long du processus. Leur expertise vous sera précieuse pour vous guider, défendre vos intérêts et optimiser vos chances de succès en cas de litige avec l'administration fiscale.

Enfin, gardez à l'esprit que la prévention reste la meilleure des solutions. En veillant à la tenue rigoureuse de votre comptabilité, au respect scrupuleux de vos obligations déclaratives et au paiement de vos impôts et taxes, vous réduirez considérablement les risques de redressement fiscal.

Le contrôle fiscal d'entreprise n'a pas à être une épreuve insurmontable. En adoptant une approche proactive et en vous entourant des conseils adéquats, vous pourrez traverser cette étape cruciale avec sérénité et confiance.

Si vous souhaitez être accompagné pour préparer votre contrôle fiscal, notre cabinet d'expertise comptable en Essonne est à votre disposition pour vous accompagner. Nous offrons des conseils personnalisés pour répondre à vos besoins en matière de finances et de gestion. Contactez-nous dès maintenant.

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Jérôme Benaïnous
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Jérôme Bénaïnous est expert-comptable et commissaire aux comptes diplômé de Paris Dauphine. Il a reçu le Prix du meilleur mémoire d’Expert-comptable d’Île-de-France. Il a exercé en tant que directeur de mission chez Ernst & Young, un des plus importants cabinets d’audit financier et de conseil, avant de s’installer.
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